Célébré justement pour l'authenticité inédite avec laquelle il décrit le débarquement en Normandie des Alliés le 6 juin 1944, le film de Spielberg de 1997 "Il Faut Sauver le Soldat Ryan" recèle de façon plus discrète des enseignements inattendus sur le leadership. Alors que son bataillon est sur le point d'imploser à cause des divergences entre les hommes sur le traitement à réserver au soldat allemand qui a tué 2 de leurs camarades, Tom Hanks, alias le Capitaine John Miller, réussit à renverser la situation en adoptant provisoirement un nouveau code de comportement qu'il est intéressant de décrire:
il "détourne" l'intérêt de ses soldats sur un sujet totalement différent, mais essentiel à leurs yeux: depuis qu'ils sont ensemble dans cette guerre, ils cultivent le mystère du métier de leur capitaine dans le civil, symptomatique de l'admiration profonde qu'ils lui vouent au point d'en avoir fait une cagnotte pour recueillir leurs paris. Lorsqu'il leur livre au moment de la plus grande tension qu'il est prof de littérature et accessoirement coach de basket, les soldats sont cueillis par cette vérité révélée qui les force à changer de registre pour sortir de leur état de violence et intégrer, chacun à sa manière, cette étonnante nouvelle.
il abaisse toutes ses gardes et se met au niveau de ses hommes: sa confession le laisse en quelque sorte dénudé du mystère qui le "grandissait" aux yeux de ses hommes, et cet acte d'humilité crée une nouvelle proximité: ils sont tous de simples hommes "dans le même bateau".
il. évite l'explosion possible de l'unité: comprenant le souhait d'un de ses hommes de changer d'affectation au risque de la désertion, il lui explique qu'il est d'accord et même qu'il l'aidera dans sa démarche. L'enjeu de la "trahison" vis-à-vis du groupe, de l'engagement, de la fidélité etc. cesse alors instantanément d'exister
il dédramatise son propre rôle dans cette machine à broyer les âmes qu'est une guerre: en expliquant que cette mission n'a de sens pour lui que parce qu'elle peut lui permettre de revenir au plus vite chez lui, il exprime une humanité que ses compagnons ne peuvent que partager, et qui redonne un sens aussi simple qu'essentiel à cette mission qu'ils portent depuis plusieurs semaines comme un fardeau d'autant plus insupportable qu'elle leur apparaît inutile, injuste et abstraite.
Enfin il reprend le contrôle du groupe : en se remettant seul à la tâche pour enterrer leurs morts, créant spontanément chez ses soldats une empathie à laquelle aucun d'entre eux ne peut plus se soustraire, et ils viennent tous l'aider.
Et vous, comment l'authenticité vous a aidé à résoudre les crises ?
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